Le Maire de Tonneins Dante Rinaudo a participé à l’inauguration de la plaque commémorative en hommage à Marguerite et Paul Tzaut ce jeudi 28 novembre à 11h à l’EHPAD Le Soleil d’Automne et dédiée à la famille Tzaut. L'inauguration a été organisée par Si Tonneins Citoyens en collaboration avec La Mémoire du Fleuve et l'Armée du Salut.
Paul, de nationalité suisse, et Marguerite, dite Lily Tzaut, s’engagèrent dans l’Armée du salut en 1921. Ils avaient alors vingt ans. En mai 1942, ils sont nommés directeurs de la maison de retraite de l’œuvre, Le Soleil d'Automne, installée au domaine d’Escoutet.
Un soir de l’été 1942, on frappe à la porte. Les Hercok, un couple juif d'origine polonaise demande l’hospitalité. Le 26 août 1942, la famille Hercock avait été prise dans la rafle qui frappait plusieurs localités du département qui les accueillait depuis leur fuite de Lille. Avant de s’adresser aux époux Tzaut, qui allaient les héberger jusqu’à la fin de la guerre, la famille connut la fuite en pleine nuit, racontée par l’une des filles : "Vers quatre heures du matin, les gendarmes français tapent des poings sur les volets]. Mon cœur s’est arrêté. Par une fenêtre basse située à l’arrière de la maison, pieds nus, chaussures à la main pour ne pas laisser de trace, ma mère, ma sœur et moi nous sommes sorties de la maison pendant que mon père essayait de "parler" avec les gendarmes, mais en vain… Mon père fut arrêté, emmené, pendant que nous marchions dans la campagne à travers les champs sans savoir où nous allions. […] Au loin se profilait un champ de maïs et nous y sommes allées car les tiges étaient hautes et nous pourrions nous cacher. Là pendant toute la journée, nous sommes restées tapies à même la terre sans bouger. La nuit tombante, la cultivatrice nous a vues et ma mère s’est jetée à ses genoux la suppliant de nous cacher. Cette femme a été bouleversée par ma mère et a bien voulu nous cacher dans une cabane qui se trouvait à proximité. Cette femme s’appelait Madame Montastruc."
La maison est pleine de pensionnaires, mais on reçoit les nouveaux arrivants. Ils sont trop jeunes pour être admis comme pensionnaires. Paul et Lily Tzaut les embauchent. Mme Hercok est employée à la cuisine tandis que son mari s’occupe du jardin, de la volaille, et de la vache de l’établissement. Quinze autres fugitifs suivront. Paul et Lily Tzaut, avec la complicité de leurs enfants, les accueillent, les cachent ou les abritent sous de fausses identités. La plupart auront finalement la vie sauve.
Paul et Else Gunzburg, juifs d'origine allemande, sont cachés de 1943 à la Libération en effectuant divers travaux au domaine.
Mais la famille Tzaut court un risque énorme d’autant qu’une école de police se trouve à proximité. Contrôle de cartes alimentaires, soupçons, nuits sans sommeil… La tension est à son comble quand un jeune pilote allemand fait un atterrissage de fortune à proximité. Deux soldats restent sur place plusieurs jours pour garder l’appareil, sans s’apercevoir qu’ils partagent le même toit que leurs victimes désignées.
Quand l’Armée du Salut est dissoute en 1943, l’établissement poursuit son activité sous l’égide de la Communauté des diaconesses de Reuilly, en attendant la Libération. Après la guerre, les Tzaut restèrent en contact de longues années durant avec ceux qu’ils avaient sauvés.
La Fille ainée de Marguerite et Paul Tzaut, qui à l’époque avait 12 ans, s’est exprimée sur les souvenirs de ses parents. Ces derniers ont ouvert la porte du domaine d'Escoutet à la famille Hercok puis 15 autres personnes juives. Un récit riche en émotion avec des anecdotes sur les lieux et des extraits de vie de ces moments difficiles mais de solidarité exemplaire. Monsieur le Maire a donné un discours authentique en évoquant un véritable échange et une entre-aide alors même que tous risquaient leur vie en toute humilité et sincérité.
Un instant où chaque discours avait un point commun, celui du souvenir et l’hommage aux « justes » de la nation comme le sont les époux Tzaut sur les 3000 reconnus aujourd’hui en France. Dante Rinaudo a conclu en mettant l’accent sur les nombreuses personnes qui sont restées anonymes et qui méritent notre reconnaissance d’où l’importance de nos historiens et du travail effectué aux archives pour retrouver les traces de ces familles honorables.